«  il est comme invisible, et pourtant, il éclate parmi ces arbres parfaits. Décharné, retourné, il attire irréversiblement vos regards, vous pousse à le contempler, à déposer vos yeux délicats sur sa surface abîmé, à le caresser, l'observer. »

Il y a ces princesses à talons hauts, perchées à trois kilomètres du sol.
Mais aussi celles flanquées à terres, ramassées, accablées, à demi-mortes.
Puis y'a toi, petite hirondelle, assise en tailleur, les mains plaquées sur ta robe devant la foule en délire.
La foule t'acclamant de toute son hystérie.
Tu fixes ces regards, braqués sur toi. Tu regardes cette jeunesse éteinte. Cette jeunesse perdue.

Elle frotte doucement ses yeux. Loin d'être des acclamations, ces bruits elle les écoute avec attention. Ces chuchotements qui parlent d'elle. Ou pas d'ailleurs. Mais de quoi parlent-ils alors ? De la pluie, du beau temps, des amours et du printemps. Nell passe une main dans ses cheveux, racle doucement sa gorge. « S'il vous plait ? »

Tu profites du silence pour glisser ces quelques mots, ces quelques phrases en guise d'introduction. « Pour ceux qui ne me connaîtraient pas encore, je suis Mademoiselle Sôron, mais ici, vous pouvez m'appeler Nell. » Tu plaques tes mains sur tes genoux, sur le tissu de ta robe à motifs. « Ici, vous n'êtes pas en cours, la seule règle que je vous demanderai donc de suivre est de vous respecter les uns les autres, pour le reste, c'est à votre bon vouloir. La présence n'est pas obligatoire, vous pouvez donc venir quand vous en ressentez le besoin, aucune justification ne vous sera demandée. » Tu les regardes un par un, sourire aux lèvres « Avez-vous des questions, ou simplement une chose à dire ? »