jumping with anger. you know her ?



Mon souffle résonne dans cette pièce trop vide. Pâle reflet de ce qu'est mon séjour dans cet enfer. L'asile, comme je l'appelle. On y oublie les âmes qui y vivent et ces dernières ont même tendance à s'oublier elles-mêmes. Je n'en peux plus. Je ne les supporte plus. Tout un chacun qui respire m'insupporte au plus haut point, alors que je sais bien qu'ils ne m'ont rien fait. C'est peut-être justement ce que je leur reproche. Leur indifférence, leur manque d'égard et de considération. Pire encore, je n'ai plus qu'une seule clope. Et personne à taxer. Je m'enfonce petit à petit dans cet engrenage infernal sans quidam qui me tende la main. En ai-je vraiment envie ? Est-ce que je donne l'impression de vouloir être sauvée ? Sûrement que non, et c'est tant mieux. Je sais très bien me débrouiller toute seule. Mais c'est pas ça qui me chagrine le plus. Dans mon corps, ça grouille, c'est l'ébullition. A deux pas de l'explosion, il faut que je me débrouille. Effacer cette colère, ou tout du moins l'oublier. Amère, déception.

Je trouve cet endroit comme si mes pas m'avaient guidée jusqu'ici. Vas-y ma fille, oublie, défoule-toi. Je grimpe sur le trampoline. Lui non plus ne semble pas trouver sa place ici. Je m'allonge sur lui, m'étend de tout mon long. Puis j'ouvre les lèvres pour y accueillir ma dernière dose de bonheur, de consolation. La fumée s'échappe vite et la cigarette se consume en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Et merde. Adieu nicotine, tu as été ma plus fidèle amie ici, mais maintenant même toi tu me quittes. Accès de rage ou d'impuissance face à tout ça, je me lève d'un bond et me mets à marteler le sol élastique qui s'étend sous mes jambes. Au lieu de m'enfoncer, je m'envole. Chacun des sauts que j'exerce vers le bas ne me fait qu'aller plus haut.  

j'aimerais m'envoler
plus haut vers le soleil
quitte à m'embraser
avant d'être vieille.

Je suis coincée, prisonnière. Je ne vaux pas plus qu'un grain de poussière. Alors je saute, encore et encore, et c'est elle qui me donne autant de force. Ma colère. Aux règles des entorses. A défaut de sauter quelqu'un, j'aurai sauté sur le trampoline. Cela ne fait pas autant de bien, c'est pas de l'adrénaline. Si je le pouvais, je ne m'arrêterais jamais et ils retrouveraient mon cadavre épuisé dans cette salle miteuse, aux murs délavés. Ce n'est sans compter sur l'intrusion d'un individu dont je ne détecte pas encore la présence.

Viens avec moi sauter,
sois mon humble invité.
je ne vais pas te manger
si t'es pas venu-e me casser les pieds.





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