La vie est une chienne. Tu sais.

Elle prend, encore, et encore, et encore.

Et quand tu crois que t’as plus rien, que t’es par terre, la gueule en sang, le ventre vide, la fierté arrachée, elle prend encore, et te crache à la gueule.

Et on te dit, bats-toi. Continue, continue, tu verras, la roue tournera.
C’est faux. La vie c’est pas un cercle, c’est un sol miteux entre quatre murs.  Il y a ceux qui ont de la chance et qui naisse dehors, et puis t’as nous, enchainé au mur.

Et ces bâtards qui ont eu la chatte de d’être à l’extérieur, tu crois qu’ils voudraient qu’on sorte ? Non. Non. Ils mettent des barbelés, des gardes armés, solidifie les murs. Avec leur loi, leur politique, leur capitalisme à deux balles. Ils gavent la masse de connerie, de télé-réalité, de faux-espoir qu’un jour on sera un des leurs.  Tout ça c’est pour nous abrutir, nous adoucir, nous faire oublier deux minutes qu’ils nous enculent bien profond derrière.

Bah oui, tu croyais quoi ? Que le monde, il est beau, le monde c’est des foutus licornes et des paillettes ? Arrête le crack. Tu crois que tu l’as dans la bouche parce que t’es un rebelle ? Tu fais exactement ce qu’ils veulent. T’es qu’un loup transformé en mouton.

Tu sais le pire, le pire, c’est que si ça trouve, si c’était nous en haut, ça ne serait pas mieux. On est pas exceptionnel, on n’est pas des pauvres victimes. Regarde quand un gamin des banlieues réussis, il renie ses origines.  

J’ai envie de te dire qu’il a tort, que c’est qu’un fils de pute d’oser faire un truc pareil. Ça serait de l’hypocrisie. Une fois que t’as gouté à ça, à dehors, tu ne peux pas retourner dedans.

Au fond, ils ont raison, et ils le font bien, non ? Nous défoncer si profondément qu’on le voit même pas.

Parce que si on sort, ouais, si on sort, on leur prendra tout ce qu’ils ont. Et plus putain de personne n’aura de cuillère en or dans la bouche.

Personne ne laissera ça faire.

Tous égaux, donc tous faibles, t’imagine un peu l’horreur ?

Il serre les dents d’un coup. Et il rigole. Il n’y a que ça à faire. Il porte le joint à sa bouche. Fier représentant des lucides anonymes, il se prélasse dans cette aphémie qu’est sa vie.  Il pense ce gamin, un peu trop qu’ils disent. Trop intelligent, talent gâché. Gâché de quoi ? Il n’a jamais eu sa chance. On pourrait blâmer l’éducation, le système, le monde, l’univers, mais au fond, à quoi bon ? Ce n’est qu’une mascarade. Qu’est-ce que la lucidité, si elle ne t’apprend rien ?

Au fond, il est juste frustré. Frustré ne pas être ce gosse sur un million, de ne pas être celui qui a battu les stéréotypes, ce grand chevalier en armure. Armure en papier, oui. Le papier, ça se crame, comme la weed.

dis nous des choses sur toi. quel âge as-tu, d'où viens-tu, comment es-tu arrivé ici, comment trouves-tu le forum, quelles études fais-tu, ce qu'il te semble intéressant de préciser sur toi... cette partie nous semble importante à l'intégration, qui nous tient particulièrement à cœur, alors applique-toi !       Code: [b]cykeem white[/b] (gabin hazanavicius)

   

A quoi bon ? Tu m’as déjà catalogué ? T’en as déjà vu des centaines comme moi, toi et ton putain de bloc note, tu crois quoi ? De ton foutu piédestal, tu penses déjà tout savoir, tout connaitre. Je suis l’un des quatre-vingt-dix-neuf qui foire. Regarde les chiffres, regarde les médias. Regarde comment il parle de nous. Voyou, délinquant, nuisance. Qu’est-ce qu’il y a de plus à dire ? Je suis là non ? Le juge, dans ses bons sentiments, a tranché pour moi. J’pourrais me battre lutter, hurler contre le monde et ses foutus injustices. Mais il y en a d’autre, plus intelligent, plus éloquent qui le feront mieux que moi.
J’t’parle pas de ses rappeurs, qui sous leur airs de gansta se sont fait niquer. Et ouais, et ouais, ils se veulent révolutionnaires. Que dalle. Ils ne sont plus que des images commerciales, d’une réalité modifiée. Utilisé pour véhiculer une vision contre laquelle même ils se battent. Qu’ils sont cons.
Tu veux que je te dise pourquoi je suis là ?  A quoi ça sert, putain ! A quoi bon ! La société nous a lâchés. Et t’façon, on est en train de remplir de merde, la propre fange dans laquelle on crèvera.
Je suis pas mieux que tout le monde, je suis pas celui qui te fera changer d’avis. Je suis pas un putain de héro.

Je suis qu'un p'tit con qui s'est fait serrer. Un de plus.

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