Il s’en souvient plus mais il parait qu’il y a 16 ans un jeune couple s’est rendu au Mali dans un orphelinat. L’homme et la femme blanche ont regardé avec attendrissement les bambins dans leurs berceaux. Puis il y en a un qui ne souriait pas. Il observait. Déjà il les scrutait. Déjà il les jugeait. Mais le couple blanc ne le comprit pas comme ça. Ils aimèrent ses sombres pupilles curieuses.
Alors il parait que l’homme et la femme sont repartis avec l’enfant.
Auguste.
Adopté.
Chocolat noir dans une boite de chocolats blancs.

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Les menottes lui scient les poignets. A peine pubère, déjà fiché. Le policier trop blond trop con l’interroge à coup de poing. Ici pas de gentil flic. Deux cons qui se font face. Deux cons qui se regardent dans les yeux. Finalement la dame blanche du début de l’histoire vient le chercher au poste. « Que va-t-on faire de toi Auguste ? »
Les mains enfoncé dans les poches il baisse la tête et part devant.
« Auguste … »
Incapacité. Perplexité.
Qu’est-ce qu’ils ont raté ? Ils savaient que ça pouvait être dur mais pourquoi ça tourne ainsi ?

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Il y a le gang. Le mythe. Les rites. Le garçon ébène s’est enfuit vers un avenir plus sombre. C’est un petit con drogué qui aime jouer au méchant. Il fait le dur. Et il devient ce qu’il ne faisait que mimer. Une carapace en acier se forme autour du bébé chocolat de l’orphelinat du Mali. Il trafique, il consomme, il se tait. Auguste il frappe, il fracasse.  Parfois il caresse le corps d’une fille mais jamais il ne se souvient de son nom. Trop camé trop con.

Les yeux se lèvent. C’est quoi c’est question. Tu regrettes Auguste ?  
« Je vous emmerde ! Vous regrettez pas vos questions connes ? » Il est vulgaire Auguste mais au fond il y a le visage de ses parents adoptifs qui lui reviennent en tête. Ils lui ont rien fait. Ce qu’il regrette un peu c’est de leur avoir fait subir tout ça. Au final ils n’ont rien fait, ils lui ont permis d’avoir une famille, d’aller à l’école et de grandir. Auguste ne cherche pas de responsable. Mais jamais Auguste ne l’avouera et ne l’énoncera haut et fort !  

Un petit ricanement s’échappe de ses lèvres épaisses. « Ici ? » Oui Auguste il est parti pour rester un moment. Et après il ne sait même pas s’il va pouvoir être libre. Et s’il est libre il retournera surement auprès des membres du gang pour continuer à dealer. Petit con va ! Elle est partie où ton envie de devenir pompier ? Il est un peu lâche Auguste ! Pourtant il est en forme, il est costaud et il est plutôt intelligent parfois. Faudrait juste qu’il se calme

Un sourire s’échappe. Peut-être qu’ils ont cerné le personnage finalement. « Ca dépend de la came. C’est une échappatoire. Un moyen de dire merde à ce monde d’enfoirés. »  Puis ça lui a permis de trouver une occupation. Il trainait dans la rue quand il était ce petit gamin chocolat perdu. Ils l’ont happé, ils ont rempli son sac à dos de came et il a vendu. Puis très vite en plus d’être un moyen de gagner un peu d’argent de poche il a commencé à consommer. Et c’était le début de la fin.