Faut courir plus vite.

D’un bout a l’autre de la piste, comme d’un bout à l’autre de son petit cœur. Ce cœur qui bat de plus en plus vite, au rythme de ses pas qui frappent le sol, elle a l’impression que ca va lâcher.

Alors elle prend une bouchée de son air artificiel.
Et les larmes coulent.

Elle n’aime pas pleurer.

Parce que les souvenirs, c’est aussi dans les larmes, et que les larmes coulent. Coulent lentement, jusqu’à disparaitre, emportant avec elles les beaux souvenirs. Parfois, quand elle se dessèche, elle se persuade que ces gouttes salées qui perlent au coin de ses yeux clairs, ce sont des mauvais souvenirs, des souvenirs toxic.

Comme sa mère qui a peur.

Pourquoi a-t-elle eut peur ? Ginnie n’a pas compris. Elle garde cette image gravée dans son esprit. Elle a compris maintenant, en courant, elle a compris que cest parce qu’elle n’a pas réussit a garder son secret.

Elle n’a pas fait attention, et maintenant elle peut dire :
*J’ai perdu ma maman*

Perdu dans la peur.
De voir sa fille de perdre.
Elle-même dans la peur.
D’une chose incomprise.
Entre souffrance et colère.

Ginnie, elle est revenue depuis quelques temps déjà, et elle a eu besoin de s’aérer.
Alors elle court.
Faut pas qu’elle s’arrête.
Ou ca va siffler trop fort.

Ginnie, elle a un problème. Qui s’appelle Lys. Elle aurait jamais pensé que ce soit un problème Lys. En fait, c’est plutôt un cadeau du ciel, c’est la fille jolie, gentille, drole, qui est animée par la chaleur, et qui donne envie à Ginnie de rire. Mais pas en ce moment.

Lys sourit.
Ginnie rit.
Lys serre fort.
Ginnie serre encore plus fort.
Lys taquine.
Ginnie boude.
Lys continue.
Ginnie se braque.

Alors elle court, sans s’arréter.
Et puis d’un coup, d’un seul, elle tombe au sol.
Parce qu’elle commence a suffoquer.
A nouveau.
Alors elle sort son inhalateur.
Elle prend une bouffée de vie.
Elle ferme les yeux.
Et elle sourit.

Parce que Lys, c’est comme la pluie.
C’est parfois embêtant.
Mais c’est beau.
Mais c’est léger.
Mais c’est éternel.
Parce que Lys et Ginnie, elles sont consumées d’amitié.

Parfois Ginnie elle se sent toute bête
Parfois elle en oubli ses peines
Parfois elle ne garde que les erreurs

Elle se dit souvent qu’il faut qu’elle arrête de noyer son chagrin en courant, que courir ça change rien, que rien changer, c’est naze. Pourtant elle continue, elle est bornée, elle n’est pas bien, elle veut juste s’en aller, très loin.

Alors elle ouvre ses yeux
Elles les plantent dans les yeux de Lysenne
Pas comme des couteaux
Plus comme des tulipes

Lysenne, ca rime avec Eden. Un beau et grand jardin, qui laisse le monde rayonner, et qui ne laisse entrer que la pureté. Elle a fait des erreurs Lys’, comme Ginnie, comme tout ceux qui sont ici. Mais elle els a réparées, et maintenant elle dégage ce sentiment de sécurité.

Qui rassure Gin’
Lui réchauffe le cœur
Et lui serre la gorge.

Elle aurait dut pouvoir s’en sortir, pour elle, pour Lysenne. Parce que ceux qui ont cru en elle sont déçu. Elle a honte Ginnie.

D’entendre Lysenne lui dire tout le temps
Qu’elle est de retour pour encore plus d’un an

Mais peut être lui en vouloir ? C’est juste la vérité après tout. Alors c’est sans doute pour cela qu’au final elle ne lui en veut pas, qu’elle ne voit pas floue et tape pas. C’est juste Lysenne. Celle qui a toujours été là pour elle. Comment lui en vouloir ?

-Je suis heureuse de te revoir.

Les yeux de Lys semblent lancer des éclairs
Mais au fond il y a de la lumière

Et moi je t'emmerde, tu m'as fait peur !

Son rire s’élève, il s’envole haut, très haut
Il doit surement avoir le vertige
A décoller si vite
Pour ne jamais revenir à terre
Alors Ginnie, elle se met aussi à rire
Et il rejoint celui de Lysenne
Tout en l’air
Faudrait pas qu’il se sente seul
Ca serait bien trop triste. Aucun rire ne devrait rester seul, comme aucun cri, aucun mot. C’est une chose abominable que d’abandonner ce qui sort de la bouche de quelqu’un, c’est comme abandonner une personne ou un chaton.

Si tu restes là , ton cul va devenir sale et il fait froid à terre
Il l’est déjà, depuis longtemps, le muret, il est encore plus sale, alors du coup, mon cul aussi.

Ginnie sourit
Comme d’habitude, parce qu’elle ne comprend pas toujours bien els blagues
Mais que pour elle, ca n’empêche pas de rire.
Faut pas trop tout comprendre de toute façon
Sinon on s’ennuie

C'était comment dehors ?

Ginnie regarde Lysenne
Ginnie la trouve jolie
Lysenne regarde Ginnie
Comment Lysenne la trouve t-elle ?
Peut-être que ce n’est pas l’important
Peut-être que l’important est qu’elles s’adorent
Et que Lysenne soit si douce, si éclatante
Qu’elle apporte les étoiles du ciel qu’elle connait si bien
Et les donnent à Ginnie

Elle en est sure Ginnie
Lysenne est amie avec la lune
Et chaque jour celle-ci lui murmure des secrets
Ceux qui rendent mystérieux
Et beaux

C’était sale. Mais c’était bien. C’est tout de ma faute. J’ai un peu peur de rester ici tout le temps. Et j’ai un peu peur de rester là-bas aussi.

Ses yeux se perdent un peu dans ceux de Lysenne

C’était sale.