"Tu me l'avais dit. Qu'on allait s'en sortir, qu'il ne nous arrivera rien et qu'au bout de quelques minutes, nous serions aussi libre que le vent et aussi legé qu'une plume. Que nous pourrions retourner faire les cons sans avoir le moindre remords et que ce simple passage au poste ne serait que provisoire. Tu sais, je t'avais crue moi. Oui, j'avais avalé tes paroles, j'avais bu tes moindres mots comme lorsqu'on boit une bonne boisson fraiche en une journée chaude d'été. Je te croyais Thomas. Oui, je te croyais vraiment.
Si j'avais su à quel point j'avais été stupide. A quel point j'aurais pleuré, crié, supplié en te voyant partir. En te voyant libre tandis que moi je restais prissonière dans cette cage surveillée par deux flics idiots empestant la clope et l'amertume. Si j'avais su que tu en avais que pour ton cul, ton fric et ta drogue et que de moi tu n'en avais que faire et encore moins de mes sentiments pour toi. De mon amour pour toi.
D'ailleurs, je me demande toujours comment tu as pu me faire croire en l'amour. Me faire croire en notre amour. Etais je si stupide que ça ? Si aveugle ? C'est vrai après tout, toute ma vie j'ai été témoin de ce qu'était vraiment cette saloperie de sentiment : des larmes, un gosse, des dettes, des clopes, une dépression, un suicide. Toute ma putain de vie je n'avais connue que ça. Avant que tu n'arrives, avec ton beau sourire, tes tics, tes manies, ta façon de me rendre belle, de me rendre vivante. Je t'aimais vraiment Thomas. Même si tu ne me présentais pas à tes potes riches, même si tu m'envoyais faire le sale boulot, même si tu me manipulais depuis le début sans que je ne m'aperçoive de rien, je t'aimais Thomas. Je voulais continuer de vivre comme ça, sans me soucier de demain car tu étais avec moi. Maintenant, je n'ai qu'une seule envie, mourir.
Je verrais un juge, ils me caseront quelque part. Ptêtre en prison, ptêtre je sais pas où. Pendant toi tu te la coulera douce à rechercher une autre larbin, une autre pauvre fille que moi. A qui tu feras prendre de la drogue et que sauvagement tu baisera, à qui tu demanderas tout et n'importe quoi, les étoiles dans les yeux elle le fera, même de voler une vieille dame pour un tripe et qui se fera peut être choppé comme moi.
Et que de la vie, elle en mourra. "
*
"Un an. Une putain d'année que je suis là. Tu sais, ça m'a changé Thomas. Ce centre aux règles haïssable située dans un endroit encore plus paumé que je ne l'étais en entrant ici. J'ai souffert Thomas. Beaucoup. Mais ça va mieux maintenant. Je ne pleures plus tous les soirs en isolement, je ne tente plus de me suicider, je n'agresse plus les gens pour un oui ou pour un non, je ne fugues plus, je ne transgresse plus les règles, je fume toujours, certes, mais moins qu'avant. J'apprends à vivre Thomas ou du moins, je ne meurs plus sans toi.
Maintenant, j'apprends à vivre avec les autres. C'est dur lorsqu'on est malade comme un chien, dérangée comme un clown et secouée comme un pommier. C'est dur Thomas, tu n’imagines même pas.
Émotionnellement instable, c'est comme ça qu'on me voit maintenant Thomas. Mais je m'en fous. Oui, je m'en fous. Parce qu'ici, il y'a une nouvelle moi qui se construit. Une moi meilleure avec peut être même un avenir devant elle.
Il faut juste que je mange, que je dorme.
Que j'arrête de faire comme si tout allait bien. Comme si j'allais mieux.
Il faut juste que j'apprenne à ne plus crier lorsque je te recroise.
Dans mes rêves ou en image.
Il faut juste que j'arrive à me controler lorsque tu es près de moi.
Que j'arrête de faire croire ce qui n'est pas vrai.
Il faut juste que tu sortes de ma tête.
Pour que je puisse respirer.
Il faut juste que j'arrive à t'oublier...
T'oublier."